Jour 5, de Отешево (Oteshevo) à Битола (Bitola)
Petit-déjeuner au bord du lac Pespa en compagnie de notre pote d’un soir le chat et de la macédonio-pop-seventies (on ne le savait pas encore à ce moment mais le thème macédonio-pop nous collera à la botte toute la journée). Amiance fin de règne dans un hôtel où nous sommes les seuls clients. Choyés comme des rois par un serveur affable et maîtrisant quelques mots de français qui nous font autant rire que nos quelques mots de macédonien.

Nous devons hélas prendre congé du serveur, du chat, de l’hôtel et de la macédonio-pop non sans faire un peu de mécanique : ccotch pour le support à mobile et réglage du levier de vitesse, rien de bien sorcier mais ça nous donne la puissante énergie de ceux qui croient qu’ils pourront réparer leur destrier.
Le premier stop, qui nécessite un bref passage par l’Ulitsa Marechal Tito de la ville de Krushevo, nous mène à une place immense qui reste dans l’attente des touristes du bon goût et nous donne le malin plaisir de pouvoir réveiller le vendeur de ticket d’entrée qui cachait mal le stress causé par un tel débarquement de visiteurs. Nous aurons donc droit à une ouverture et à une visite personnelle du Makedomium, oeuvre de Jordan Grabul datant de 1974 et consacrée au soulèvement d’Ilinden. Pour nous cela ressemblait plus à une maison de Barbapapa ou à un virus géant. Mais dans tous les cas nous en ressortons plus cultivé au sujet de l’histoire locale et surtout subjugés par cette oeuvre éminemment seventies.




S’en suit l’autre curiosité locale, le mausolée-musée de Тоше Проески (Toshe Preoski), une star de la pop née ici, dotée de presque toutes les vertus, polyglotte dans toutes les langues de la région et qui rayonna dans tous les Balkans. Ce qui n’est pas la moindre des vertus. Malheureusement mort trop tôt pour que puissions avoir été fans avant la visite. Découvrir Toshe c’est un peu comme suivre les Swiss Awards et découvrir une grande star pop helvète… totalement inconnue dans la région francophone. Le lien n’est pas si fortuit car Toshe était un volleyeur émerite et son équipe était sponsorisée par Sinalco, ce qui nous a un petit peu lié à lui. Nous sommes – évidemment – sortis conquis (et pas seulement parce que la pluie avait cessé).



Quelques kilomètres plus loin pour une rapide visite de l’ancien bazar et du marché de Prilep et nous nous rendons au Monastère de Treskovets au sujet duquel la pavreté de notre vocabulaire nous incitera à ce qu’un éventuel lecteur se fasse une opinion sur la base des photographies. Des paysages grandioses, un ciel à la Myazaki, des fresques saisissantes et un isolement à couper le souffle.





Le retour à Bitola se fit dans un silence relatif avant de reprendre en main notre destin d’aventuriers pour une exploration du quartier turc et des terrasses du bord de la rivière où une Zlaten Dab de derrière les fagots acheva de nous convaincre de l’hospitalité des macédoniens. S’ensuivi une soirée des grands-ducs en face du consulat de Russie, ce qui nous permis une étude comparée des alphabets cyrilliques.





Jour 6, de Битола (Bitola) à София (Sofia)
Selon les planifications, un départ devait avoir lieu aux premières heures. Hélas le Bovin (le vin, pas l’animal) du soir d’avant a quelque peu émoussé notre réactivité matinale légendaire qui dû être reconquise à grand coup de caféine. L’idée était en effet de suivre l’une de ces routes officielles “R” (royal, régional, roboratif, rigolo, route quoi …) et même dotée d’un numéro (1107) qui laissait penser que son invention avait été précédée de nombreuses autres routes. En Macédoine cettre lettre magique désigne aussi une route nationale. De façon aussi homogène qu’en Albanie.





Cela commence par une magnifique route deux pistes toute en courbes voluptueuses qui débouche sur une piste unique aux nids de poule caratéristiques, puis à une route en terre qui aboutit dans un village du bout du monde, Vitolichté. Le GPS nous indique toujours une route, nous continuons donc. Celle-ci se transforme en voie romaine avec des cailloux au milieu de l’herbe. Puis en une route forestière boueuse parsemée de branches et d’arbres farceurs. Au moment où nous pensions que cette nationale allait se transformer en chemin muletier, voire sentier de montagne nous croisons le bûcheron qui dégagait les troncs tombés sur ladite route. Voilà qui nous gonfle le moral, mais il restait une bonne trentaine de kilomêtres de pistes forestières bien défoncées, un brin boueuses par endroit et des branches qui fouètent nos rulilantes montures (ça, à la limite …) mais aussi nos visages poupins (ça le fait moins). Il aura fallu un café Butagaz au sommet pour nous regailladir. La récompense fut la découverte de l’usine Sinalco, le sponsor de Toshe, lovée dans un vallée isolée, mais qui heureusement a besoin de camions, de sorte que la route a été bitumée.


Arrêt minute à Kavadartsi pour une salade, un Sinalco et un petit cours de géopolitique sur la dénomination exacte du pays que nous traversons. Une vraie salade grecque… ou macédonienne. Cela dépend du parti pris. Nous partons alors pour la Bulgarie par de belles routes très roulantes. Nous perdons une heure et deux minutes à la frontière. Deux minutes pour les formalitées et une heure de décalage horaire.
En route pour Sofia nous visitons le somptueux monastère de Rila au fond d’une vallée où le torrent fait chuter la température de plus de 10°. Quelle vision grandiose que ce monastère à l’ombre au milieu des montagnes alentour encore éclairées par le soleil couchant. Et surtout ces fresques riches et colorées racontant des épisodes glorieux et saints de Saint Jean de Rila et ses successeurs depuis le Xème siècle. Notre bulgare ancien étant un peu limité nous n’avons pa pu en saisir toutes les nuances, mais nous avons été subjugés par les dessins.







Faute de se réchauffer nous partons poignées chauffantes à fond pour Sofia où un hôtel accueillant nous attend.