Balkans 22

#2 De Shkodër à Отешево (Oteshevo)

Jour 3, de Shkodër à Peshkopi

Départ au matin dans la grande plaine de Shkodër sous un soleil naissant. La plaine se fait gentiment vallonnée, puis franchement montagne pour monter au lac Koman par des petites routes pas croyables. Notamment par leur capacité à vous faire agréablement progresser dans l’anticipation des nids de poules. Après avoir croisé quelques troupeaux de chèvres, nous atteignons enfin le barrage de Koman où la route s’achève sur un ferry.

Le voyage se poursuit sur un lac qui s’étend sur des kilomètres entre des montagnes enneigées et au travers de gorges étroites et profondes. Nous débarquons alors à Fierzë et re-départ sur des routes de montagnes interminables qui rappelent furieusement celles des fjords norvégiens: un kilomètre en ligne droite se transforme en 15 kilomètres de virages. Les heures s’enquillent et pas vraiment les kilomètres.


Nous retrouvons enfin dans la civilisation. Après une petite pause salade, départ en direction d’une “route-qui-à-l’air-tellement bien” et d’ailleurs qui porte le doux nom de SH30. Ce qui est évidemment la garantie qu’il s’agit bien d’une route tout ce qui a de plus officielle.

Arrivés à Burrel nous décidons de changer de route nationale et de suivre la SH36 (officielle toujours, puisque répertoriée). Nous nous engageons donc gaillardement à 17h00 sur dite route qui perd son goudron assez rapidement, pour le remplacer par des cailloux instables et une boue rouge manifiquement gluante. Nous croisons chèvres, moutons, bûcherons, gravier, terrs, boue, cours d’eau et trous en formation sans la moindre trace de goudron. La progression se fait plus lente et nous arrivons au bout de ces 58km de route nationale en 3h30. Nous n’avons même pas fait frémir les radars. Par contre les badauds dans les villages montagnards albanais nous ont applaudis chaleureusement. Et le tenancier des “lavazh spezial” de Peshkopi se réjouit de voir la couche de boue accumulée sur nos fiers destriers.

L’arrivée à Peshkopi, dans le palace que nous nous étions réservés se fait de nuit… Le repas du soir est vite expediée après une bière largement méritée et nous allons dormir du sommeil du juste la tête pleine de virages et de souvenirs.

Jour 4, de Pehskopi à Отешево

Le soleil est déjà haut à l’horizon quand nous partons de Peshkopi. Non sans avoir fait le plein de jus de fruits savamment macérés au magasin du coin pour pouvoir assurer une clareté impeccable des visières. La frontière macédonienne nous attend pour un passage plutôt rapide et simple. Macédoine (du Nord qui se distingue de celle de fruit car elle porte des majuscules) qui s’ouvre sur de belles routes sineuses qui progressent le long de lacs artificiels et de forêts enchanteresses qui ne déparaierent pas en Finlande… hormis une température nettement plus méditerranéenne et l’absence d’élan (l’ongulé donc).


Nous atteignons alors Ohrid, au bord du lac du même nom (comme Constance et Genève en fait). Et son bord de lac qui rappelle furieusement la riviera vaudoise en plus forestier et donc sans les vignes (c’est ça qui est furieux). Très belle et engageante, mais pas si dépaysante pour nous autre. C’est l’occasion de goûter à une délicieuse macédoine de légumes (et de subiles steacks hâchés de cervelas au jambon et fromage). C’est tellement meilleur quand c’est servi sur place, un peu comme des spaghettis “bolognaise” à Bologne. Bien que dans ce cas ils se nomment “al ragù” en fait.


Trêve de digression, Ohrid est couronnée par le monastère de Saint Pantaleimon qui nous offre une belle vue sur le lac et ses rives après avoir gravi le flanc de la colline qui l’accueille avec les bottes de moto, ce qui permet de vivre une expérence immersive de “chemin de croix”, surtout si on a gardé la veste de moto.

On s’y sent tellement bien (dans ses bottes), mais la route nous appelle et nous suivons la rive pour visiter le monastère Sveti Naum à quelques encablures de la frontière albanaise. Une superbe découverte dans un lieu enchanteur et calme. On comprend que les moines s’y sentent à l’aise : les pieds dans l’eau, aux abords d’une foret dense et un monastère richement décoré “dans son jus” avec des icônes peints à même les parois. Et quelques paons qui se promènent dans les alentours. Nous n’avons pas compris le rapport entre tous ces éléments, mais nous avons adoré l’atmosphère qui y régnait.


La journée avance et il nous fait penser à la nuit qui s’approche. Après avoir vainement tenté de trouver des emplacements de camping, officiels ou non, nous renonçons sous la menace grondante d’un orage. Nous entamons alors le col de Galicica en profitant de la vue époustouflante sur le lac Ohrid à chaque virage et franchissons alors les montagnes du parc national de Galitchista pour rejoindre un hôtel très “fin de règne” à Oteshevo, le Lakeview Hotel & Resort. Nous sommes les deux seuls clients de l’hôtel et nous avons le privilège d’être accompagnés par de la musique de variété macédonienne seventies pendant le repas.


Nous sentons que nos rêves auront une saveur différente de celle de la nuit d’avant.

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